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  • Photo du rédacteurVirginie Shirley

Quand des flaques de clarté déferlent du ciel... Solstice d’été depuis la basilique de Vézelay.

J'ai créé l'Agence Solstice le jour du solstice d'été 2020. Signe d'un renouveau fondateur pour moi après un long engourdissement dans un job dont j'avais perdu le sens et la saveur. Épuisée par l'absence de reconnaissance de mon travail et usée par l'ombre du mensonge, rien ne me paru alors plus important que de revoir la lumière de l'été et ressentir la joie de m'investir à nouveau. Quel lieu, familier de mon enfance, pourrait mieux représenter mon solstice personnel que la colline éternelle de Vézelay ? Il est mon emblème, le nom de mon entreprise et plus encore : Vézelay symbolise la ferveur du jour où je me suis sentie pousser des ailes, celui où j'ai recommencé à croire que je valais quelque chose, ce jour d'un nouveau solstice personnel où mes ennemis maudits ont basculé dans l'oubli.


Le jour du solstice d’été à Vézelay est le jour où la lumière fait des miracles. Que l’on soit croyant ou non, pratiquant ou pas, ce jour-là, à Vézelay, au solstice d’été chacun a très envie d’y croire.


Pas besoin d’être un pèlerin lancé sur la route de Compostelle pour qu’une foi particulière assaille celui qui approche la commune de Vézelay, dans l’Yonne, cette “barque qui a jeté l’ancre”, comme disait joliment l’écrivain Paul Claudel : une foi qui pousse à croire que quelqu’un là-haut se débrouillera pour que l’éclairage soit à son zénith, à l’heure dite.

Ce midi, l’air est bouillant, le ciel tendu d’un beau bleu céruléen. Les blés alentour rôtissent en attendant la moissonneuse, et la vigne, qui ondule sur ce pays bossué, s’empourpre déjà.

A ce moment-là, alors que viendra le midi solaire (14 heures à nos montres), la Basilique Sainte Marie-Madeleine de Vézelay livrera une fois encore sa leçon d’esthétique. La même tous les ans, depuis dix siècles.

Arrivé là-haut, on entre d’abord dans le sombre narthex, vestibule où les pèlerins pouvaient jadis déposer leur baluchon. Pas le temps de se laisser hypnotiser par l’extraordinaire tympan central qui les accueillait, avec son majestueux Christ vêtu d’un drapé de pierre tout en spirales, et sa demi voûte finement sculptée qui relate, tel une éphéméride médiévale, les travaux agricoles rythmant l’année.

Dans l’église, la grande nef romane, beau couloir aux proportions parfaites (60 mètres de long sur 9 de large et 18 de haut), est déjà baignée d’une lueur vaporeuse, comme pour préparer la rétine du visiteur.


Tout concourt ici à guider le regard vers le fond, vers ce chœur de style gothique à la blancheur déjà aérienne. Il ne reste qu’à se poster dans l’axe, au centre de la nef, et à attendre fébrilement le grand moment : celui où les rayons les plus purs dardent sur le flanc sud de la basilique, frappent comme prévu chacune des fenêtres latérales et les traversent avec tant de force qu’ils se changent en halos étincelants qui viennent se poser comme des anges sur le sol bistre.

En tout, neuf taches blanches sur le buvard du dallage. Au mitan du jour, chaque éclat s’aligne à la perfection de façon à tracer un chapelet rectiligne allant de l’entrée de la nef jusqu’à celle du chœur. Assister à ce spectacle, c’est percevoir le génie de Vézelay !




Comment des bâtisseurs du Moyen Age ont-ils pu concevoir une telle prouesse ? La nef, partie la plus ancienne de la basilique, fut édifiée entre 1120 et 1140, après l’incendie d’un bâtiment précédent. Orientation ouest est, du couchant vers le levant. Mensurations répondant aux préceptes de la divine proportion chère à Pythagore pour un effet d’harmonie totale.

Et surtout, jeux permanents entre ombre et lumière naturelle. Tout au long de l’année, par le truchement des rayons du soleil, ce lieu se meut et émeut. Jusqu’au solstice d’été, qui permet le prodige de l’alignement durant quelques jours, autour du 21 juin.

Merci à la Maison du visiteur de Vézelay 😉

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